lundi, octobre 13, 2025
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Dénucléarisation de la Corée du Nord, Pyongyang oppose un non catégorique

Le statut de puissance nucléaire de la Corée du Nord est « irréversible » et toute tentative de dénucléarisation du pays est « anachronique ». C’est la réponse catégorique de Kim Jong-Un aux récentes propositions de Donald Trump, qui promettait la levée totale des sanctions économiques en échange d’un abandon pur et simple de l’arme atomique. Cette offre, assortie de garanties de sécurité américaines, visait à étendre l’influence des États-Unis dans la région, mais elle a été accueillie par une fin de non-recevoir.

En réalité, cette initiative américaine se voulait une réponse à la double offensive diplomatique de Pyongyang. Le réchauffement des liens avec la Chine, visible lors de la commémoration du 80e anniversaire de la victoire contre l’agression japonaise, et l’alliance stratégique nouée avec Moscou constituent un véritable camouflet pour Washington. L’ « ogre américain » a non seulement échoué à empêcher la Corée du Nord de réaliser son rêve nucléaire, mais il n’a pas non plus réussi à la détacher de ses deux grands alliés, la Chine et la Russie.

L’ami de mon ennemi est mon ennemi

L’alliance stratégique entre Washington, Séoul et Tokyo a pour cible principale la Chine et la Corée du Nord. Une réalité qui n’a pas échappé aux leaders de ces deux derniers pays, dont les relations s’étaient pourtant refroidies lorsque Pékin avait réduit ses approvisionnements vers Pyongyang pour ne pas froisser ses partenaires occidentaux. En réaction, la Corée du Nord s’est rapprochée de Moscou. Le déclenchement de l’opération spéciale en Ukraine a non seulement lessivé la confiance entre les deux blocs, mais a aussi érigé la Russie en ennemi public numéro un.

Dans cette période difficile pour Moscou, Pyongyang a témoigné un soutien sans faille, franchissant des lignes rouges que la Chine, soucieuse de préserver une apparence de respect du droit international, se refuse à franchir. En échange de la modernisation et de la miniaturisation de son arsenal nucléaire, la Corée du Nord fournit armes, munitions et soldats à la Russie, qui cherche à préserver son influence géopolitique globale malgré son enlisement en Ukraine. Dans ce jeu à somme nulle, Pyongyang se réjouit de la rivalité économique croissante entre la Chine et les États-Unis, qui oblige Pékin à consolider ses relations avec ses alliés structurels.

Pyongyang et l’obsession du nucléaire

La possession de l’arme atomique est inscrite dans l’ADN politique de la Corée du Nord. Depuis la guerre de 1953, les multiples interventions militaires américaines contre des régimes jugés hostiles ont renforcé le sentiment que seule la possession de l’arme nucléaire peut garantir la survie de la dynastie. De Kim Il-Sung à Kim Jong-Un, tous ont sacrifié l’économie et le social au profit de l’arsenal atomique.

Maintenant qu’ils ont réussi à l’obtenir au prix d’innombrables sacrifices, il serait complètement irréaliste de leur demander d’y renoncer. La levée des sanctions, qui se sont avérées incapables de les empêcher de devenir une puissance nucléaire, n’est pas un argument suffisant. Comme l’avait fait observer Vladimir Poutine en 2016, les Nord-Coréens « brouteraient de l’herbe » s’il le fallait pour posséder l’arme atomique. C’est une méconnaissance absolue de leur histoire que de leur demander d’y renoncer aujourd’hui.

Vijilin NGUELIFACK

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