
Loin d’être assimilés à une simple absence d’action, de nombreux analystes pensent aujourd’hui que les silences du Président de la République devraient au contraire être perçus comme une sorte de communication de pouvoir.
Peut-on véritablement parler de silence, dans le mode communicationnel d’un chef d’Etat ? Dans quelle mesure ce silence participerait-il d’une stratégie de mise en scène de la communication présidentielle ? Voilà quelques questionnements qui n’échappent pas aujourd’hui à l’œil attentif de quelques analystes politiques moins discrets qui suivent au quotidien les actes du chef de l’Etat.
En effet, les silences, tels que pratiqués par Paul Biya, le président de la République du Cameroun, ne sauraient être perçus comme une absence de P communication ou une quelconque démission comme on l’observe aujourd’hui dans l’affaire Cyrus Ngo’o. Non ! Le silence présidentiel devrait plutôt être appréhendé comme une extrême sagesse. C’est du moins ce que pense le journaliste chercheur, François Marc Modzom, dans son ouvrage intitulé : « Les Silences de Paul Biya : Analyse d’une communication de pouvoir », paru le 11 juin 2019. Et dans la préface qui y est dédiée, la Roumaine Sanda-Maria Ardeleanu, professeure des universités, l’exprime à suffisance lorsqu’elle affirme que le « silence, trop hâtivement confondu à une absence, est pourtant une modalité discursive plus parlante encore que dans le discours classique. Dans bon nombre de cultures et civilisations (orientales, occidentales, négro-africaine, etc.) la vraie manifestation de la sagesse se fait par le silence, par l’ascèse verbale.»
De nombreux analystes pensent à cet effet que la communication du président Paul Biya est de manière concrète, déterminée par trois éléments fondamentaux, à savoir : la distance, la substance et la science. La distance quand on sait que le chef de l’Etat a toujours tenu les journalistes en respect, préférant l’action à la parole. Pour ces mêmes analystes, le président Paul Biya ne parle et n’agit que si son discours a une substance, c’est-à-dire un contenu, ou alors s’il a un message à passer. Et s’il est si précautionneux concernant sa communication, c’est parce qu’il tient à en avoir la totale maitrise, il connait le poids de la parole. Il sait aussi que sa parole est irrattrapable.
Et la particularité de l’ouvrage de François Marc Modzom réside justement, comme le reconnaissent d’ailleurs de nombreux observateurs avertis, dans l’application des modélisations des silences, notamment à travers les discours, les attitudes, les gestes, les intentions, les institutions médiatiques et les représentations anthropologiques reconduisent une sémiologie de « média attitude » selon les sociétés. Une nouvelle donne qui prend en compte les constantes empiriques et scientifiques, dans un contexte qui met en lumière l’analyse du discours, « dépouillée de ce soupçon d’absence de communication qui a souvent été collé au président camerounais Paul Biya. » Alors questions : Paul Biya communique-t-il ? Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Le fait-il suffisamment ? A temps plein, même quand certains pensent qu’il est silencieux ? Avec l’affaire Cyrus Ngo’o et ses nombreuses incidences, de nombreux observateurs estiment qu’il est temps pour que le chef de l’Etat de passer à l’action afin de mettre un terme à ces batailles de chiffonniers de ses proches collaborateurs.
Source : http://www.camerounlink.com/actu/affaire-cyrus-ngo-o-paul-biya-va-passer-a-l-action/131838/0