
La dureté avec laquelle la contestation née vendredi en Iran a été matée révèle la mentalité d’assiégé qui règne à Téhéran, sur fonds de soulèvements anti-iraniens en Irak et au Liban. En Australie des feux de brousse sans précédents rendent l’air irrespirable à Sydney et Melbourne.
Une agence bancaire incendiée lors de récentes manifestations à Shahriar en Iran• Crédits : ABEDIN TAHERKENAREH – Maxppp
A lire la presse de Téhéran, on pourrait croire que l’Iran en a fini avec les manifestations de ces derniers jours.
« L’ennemi a été repoussé« , annonce fièrement en Une ce matin le quotidien Kayhan qui se borne à reprendre le discours prononcé hier par l’ayatollah Khameneï : le calme est revenu, les agitations provoquées par « des bandits et des vandales pilotés depuis l’étranger » ont été matées, la sécurité des Iraniens est à nouveau assurée. Une de l’édition anglophone de Kayhan le 21 novembre 2019• Crédits : capture d’écran kayhan.ir/en
L’ennemi a été repoussé dans les rues des villes d’Iran « comme il le sera sur le plan économique« , complète le Teheran Times, autre média affidé du pouvoir. Le guide suprême l’a bien dit, les Iraniens ne doivent rien attendre de l’étranger, sinon des menaces de déstabilisation : « rien ne sert d’attendre la fin des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis, c’est à chaque Iranien, entrepreneur ou simple consommateur, de participier à la relance du pays par lui-même« . Il faut, dit Khamenei cité par sa presse officielle, « transformer en opportunités les sanctions » qui étranglent le pays. Voilà pour le discours, martelé depuis ce mercredi par les seuls médias qui ont la possibilité de se diffuser sur internet, alors que pour les autres le black-out organisé par le pouvoir se poursuit pour éviter que nous, à l’extérieur, sachions ce qui se passe vraiment en Iran.
La contestation, née vendredi dernier contre la hausse drastique du prix de l’essence, est-elle vraiment « repoussée, matée« ? Pas si sûr, à croire Radio Farda, la radio en farsi financée par les Etats-Unis. Elle prend comme source, avec toutes les précautions nécessaires, les rares témoignages de manifestants qui franchissent le mur de la nuit numérique. Où l’on entrevoit que les manifestations se poursuivent, malgré nous dit-on « 140 morts au moins » dans les répressions menées depuis 6 jours ; elles ont changé de forme, elles se déroulent à la nuit tombée, en particulier dans la ville de Mahshahr dans le sud du pays (c’est tout près de la frontière avec l’Irak) où il se dit que les protestataires utilisent des armes à feu pour contrer les gardiens de la Révolution qui eux ont déployé des chars face à la foule.
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