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Quel sera le bilan final du Coronavirus dans le monde et plus encore en Afrique ou au Cameroun ? Bien malin celui qui pourrait le dire avec précision à ce jour. Une pandémie qui décime de nombreuses populations, parfois sans distinction de races ou de classes et remet en cause de nombreux soi-disant acquis socio-politiques, économiques et idéologiques.

Cette petite grippe enrhume le monde entier et met à genou même les plus grandes puissances au point de relativiser le critère même de puissance. Trêve de foot, trêve de NBA, trêve de concerts, de tourisme, de spectacles, un pied de nez dans le train fou de la société de loisirs. Même les guerres ont trouvé en ce Covid 19 matière à trêve. Quand la réalité de la marche du monde s’impose au-delà de la simple volonté de pauvres humains souvent trop imbus de leur sarcastique pouvoir de domination et du culte de l’égoïsme promu et déifié. C’est la recrudescence des banqueroutes, du chômage à grand échelle et de la pauvreté rampante, y compris aux USA et surtout en Afrique ou en Inde, etc.

Le COVID 19 ou quand les plus faibles payent le contre-coup du jeu fantaisiste des puissances économiques mondiales qui accroissent artificiellement et manifestement les inégalités de tout ordre. Comment fait-on pour tergiverser par exemple entre le maintient total des intérêts des actionnaires et les petits revenus des salariés voués aux gémonies ? quelle idéologie se plait à maximiser plus les gains des firmes pharmaceutiques plutôt que recourir rapidement à des traitements simples et efficaces face à un mal qui menace la survie d’une immense partie de l’humanité? Même un chantre du capitalisme comme Nicolas Sarkozy appelait à l’humanisation de ce système devenu peut-être trop fort, mais trop inadapté pour offrir au monde l’assurance d’une existence égalitaire et durable.

 C’est tout un modèle de société qu’il faut réinventer ou reconfigurer. Trop d’inégalités actuellement, trop de capitalisme (triomphant ? – drôle de triomphe). Alors qu’on nous a vanté à coup de propagande les mérites de la privatisation à outrance et du laisser-faire sans borne, la crise qu’impose cette pandémie montre que lorsque le risque se présente avec acquitté, nous nous tournons obligatoirement vers les Etats et non vers le secteur privé pour nous sauver.

Que dire de la mondialisation et du commerce mondial ? s’il suffit d’une grippe à l’autre bout du monde pour que toute la planète s’enrhume, il va falloir non pas abolir la mondialisation toujours en marche, mais revoir justement les tenants et les aboutissants de celle-ci. L’Afrique notamment dès la fin de la crise, se doit de procéder rapidement à des réformes profondes qui devraient contribuer à assurer la sécurité de la population en cas de crise d’envergure. Il faudra investir sur la solidité et la viabilité du système sanitaire qui devra davantage impliquer les ressources locales du point de vue de la recherche scientifique et de la pharmacopée que l’on a que trop méprisé au profit des produits pharmaceutiques importés et dont l’efficacité optimale n’est pas toujours garantie. Au grand profit des économies prédatrices et des Etats impérialistes et finalement parasitaires. La fabrication à marche forcée de la chloroquine en ce moment au Cameroun et le recours effréné aux herbes locales pour faire face au Covid 19 invite largement à réfléchir et d’agir dans le sens de promouvoir une économie locale tout azimut plutôt que de miser très largement sur les exportations comme on le fait depuis de nombreuses années de réduction à l’esclavage et à la dépendance suicidaires.

Avec un sol riche et de nombreuses potentialités, nous sommes encore incapables d’assurer le strict minimum à nos populations, notamment en cas de confinement strict. Comme en témoigne de nombreux cas en Côte-d’Ivoire, en Afrique du Sud ou au Rwanda. Si le Cameroun reste encore frileux dans le seuil d’exigence en termes de confinement, c’est parce que le gouvernement se trouve entre le marteau et l’enclume. Entre la crainte d’un soulèvement violent et l’acceptation de voir arriver une vague incommensurable de victimes de la pandémie Covid 19. Les couloirs de solidarités ont été abandonnés, négligés ou minimisés au nom du libre marché et du laisser-faire, du désengagement programmé de l’Etat. Les gens sont condamnés à mourir soit de suite de la maladie, soit des suites de faim et de pauvreté extrêmes. Dans l’un ou l’autre cas les gouvernements sont menacés d’écroulement. C’est aussi ça le destin des systèmes inégalitaires si bien dénoncés par Piketti et bien avant lui par de nombreux auteurs et penseurs progressistes. L’after Covid 19 est clair en projection rationnelle : l’Afrique devra se créer un nouveau paradigme plus favorable à l’essor des peuples ou alors ce sera le péril pour tous, à terme.

Par Jean Bosco Bell

 

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