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Dans une note publiée dimanche dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jacques Fame Ndongo, a voulu éclairer l’opinion sur les zones d’ombre qui entourent la proposition de mettre fin aux intégrations systématiques de tous les élèves-enseignants qu’il soutient.

« Il s’agit d’un processus qui a commencé il y a quelques années avec l’organisation, par le ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative, des concours directs d’intégration à la fonction publique concernant les diplômés en agronomie, en communication, en médecine », fait savoir Jacques Fame Ndongo.

Cette explication ne convainc malheureusement pas tout le monde. Dans l’opinion, plusieurs suspectent cette réforme. « Si la même théorie est appliquée à l’Enam (École nationale d’administration et de magistrature), avec toutes les explications, alors la justice et l’équité seront au service de la République », commente quelqu’un sur la page Facebook du Minesup.

C’est surtout dans les milieux éducatifs que cette réforme est qualifiée de suspecte. « On a du mal à croire qu’il s’agit d’une normalisation comme le laisse entendre le ministre Fame Ndongo. C’est tellement brusque et ça ne peut qu’être lié à la grève des enseignants », argue un enseignant de sciences de la vie et de la terre (SVT) en poste à Yaoundé.

C’est d’ailleurs l’idée généralement admise dans les foras des enseignants sur la plateforme sociale Facebook. On se rappelle qu’entre les mois de février et mars derniers, une opération « craie morte » lancée par le collectif On a trop supporté (OTS) a paralysé de nombreux établissements secondaires publics du Cameroun.

Dans les commentaires des enseignants, le gouvernement souhaite implémenter cette réforme pour ne plus jamais avoir à faire à un tel débrayage. Les raisons qui l’emportent dans ces foras sont au nombre de deux. En premier, les enseignants pensent que le gouvernement veut leur prouver qu’ils sont privilégiés d’avoir été intégrés après leur sortie des Écoles normales supérieures (ENS). La preuve, à l’avenir, des lauréats de ces ENS vont devoir vivre de vacations sous-payées dans les collèges privés.

Concours directs

Et pour terminer, les enseignants dans ces foras croient que cette réforme va permettre au gouvernement de constituer un réservoir d’enseignants réservistes prêts à remplacer les grévistes dans les salles de classe, voire même corriger les copies des examens si jamais les enseignants en venaient à bouder. C’est d’ailleurs le cas en ce moment, car OTS a décidé de boycotter les examens officiels.

« Il va être difficile de grever à l’avenir », prédit notre source, qui a sympathisé avec le collectif OTS pendant l’opération « craie morte » même s’il n’y a pas eu d’interruption des cours dans l’établissement où elle travaille.

Pour montrer que la grève menée par le collectif OTS n’est pas étrangère à cette réforme, l’enseignant de SVT mentionne que la rencontre du 11 mai dernier, pendant laquelle Fame Ndongo et Joseph Lé, le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra), ont formulé cette proposition de désormais recruter les enseignants par un concours direct du Minfopra, avait pour objet les mises en œuvre des directives présidentielles suite à la dernière grève.

Mais loin de toute cette suspicion, cette réforme inquiète les enseignants parce qu’elle peut creuser le déficit d’enseignants dans les établissements. Surtout en campagne où « des professeurs d’allemand sont parfois obligés d’enseigner les mathématiques », jure notre source.

Mais, tous les enseignants ne sont pas catégoriques. « L’argument du déficit ne tient pas parce que les recrutements se feront en fonction des besoins », laisse entendre un enseignant de la ville de Bertoua, dans la région de l’Est. Il est en plus convaincu que cette méthode a un autre effet induit : il va revaloriser le niveau des enseignements dans les établissements privés.

Il faut par contre encore attendre avant la mise en œuvre de cette réforme, qui a été soumise à l’appréciation du Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Pour Fame Ndongo et Lé, il faut commencer à l’appliquer avec les promotions 2023.

Source : Michel Ange Nga, https://www.stopblablacam.com/societe/2305-8816-recrutement-des-enseignants-pourquoi-la-reforme-de-fame-ndongo-et-le-inquiete

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