
Pour saisir toutes les facettes de l’univers musical de la diva égyptienne, disparue le 3 février 1975, la Philharmonie de Paris organise une programmation spéciale, étalée sur quatre jours. Le groupe Love and Revenge ouvre les festivités.

Sur scène, jeudi 30 janvier, trois musiciens : Rayess Bek – alias Wael Koudaih –, Julien Perraudeau et Mehdi Haddab et, derrière eux, les vidéos de Joan Baz. Dès les premières notes, le public identifie l’une des chansons les plus célèbres d’Oum Kalthoum : Enta Omri (Tu es ma vie). Le groupe Love and Revenge (Nouvelle fenêtre) rend hommage à la diva égyptienne, disparue il y a cinquante ans, en revisitant son répertoire dans un spectacle, Agmal Layali, résolument moderne.
Le trio a déjà revisité les œuvres de nombreux chanteurs et chanteuses du monde arabe, mais c’est la première fois qu’il s’attaque à l’intouchable légende. Leur version d’Enta Omri pèche par trop de prudence, elle est trop sage et l’utilisation de l’écho se révèle peu judicieuse. Avant eux, Rachid Taha avait adapté la même chanson, Zoom sur Oum, en lui donnant une belle énergie rock. Love and Revenge admire-t-il trop Oum Kalthoum, au point d’être tétanisé devant son œuvre ? Du 30 janvier au 2 février à la Philarmonie de Paris.
« La quatrième pyramide d’Égypte »

Qui est Oum Kalthoum ? Le public français l’a découverte lors de deux concerts inoubliables en 1967. La chanteuse égyptienne aux différents noms, tous aussi dithyrambiques les uns que les autres – « Quatrième pyramide d’Égypte », « l’Astre de l’Orient », « la Diva des divas » –, est née à la fin du XIX siècle. Originaire d’un petit village, elle accompagnait son père, imam, aux cérémonies religieuses, réservées aux hommes.
Elle rejoint Le Caire dans les années 1920 pour chanter des textes d’amour et s’ouvrir à d’autres musiques. Trente ans plus tard, Oum Kalthoum devient la voix des indépendances arabes, grâce à la radio et à la télévision. « Oum Kalthoum parvenait à susciter une émotion d’une puissance incroyable en conjuguant capacité de modulation et intensité de l’expression. C’est sans doute ce qui explique avant tout son succès. Elle avait vraiment quelque chose d’unique », explique Alain Weber (Nouvelle fenêtre), conseiller pour les musiques du monde à la Philharmonie de Paris (Nouvelle fenêtre).
Concert immersif
Sur l’écran, derrière les musiciens du groupe Love and Revenge, défilent des extraits vidéo de concerts de la diva égyptienne et de films dont lesquels elle a joué dans les années 1930, ainsi que des séquences issues d’autres films. La voix d’Oum Kalthoum emplit la salle. Le groupe se libère et s’accapare entièrement Alf Layla Wa Laya (Mille et une nuits). La réorchestration du chef-d’œuvre de la plus grande icône du tarab déclenche un grand enthousiasme du public.
Le concert immersif se poursuit avec la troisième et dernière chanson Ana fintizarak (Je t’attends). La fusion entre la musique électronique et le tarab (intense émotion pouvant aller jusqu’à la transe suscitée par la voix, la musique) est une expérience unique. Et un bel hommage à « La Dame », El Sett, autre nom d’Oum Kelthoum.


Mohamed Berkan, Source: https://www.francetvinfo.fr/