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«  Le temps use les œuvres littéraires, les chefs d’œuvre même quoi qu’on dise. » disait Henri de Montherlant. Il se retournerait surement dans sa tombe en apprenant que soixante quinze ans après, le cahier de Césaire n’a pas pris une seule ride.

 Le cahier d’un retour au pays natal est publié en 1939 par l’écrivain martiniquais Aimé Césaire. Ce texte poétique d’un genre nouveau est un pamphlet lancé aux colonisateurs français qui détruisent la Martinique, terre chère au poète et donc microcosme de l’Afrique. La genèse de l’œuvre est simple. 1935, en vacance en Dalmatie, le poète se remémore son littoral martiniquais et commence donc la rédaction du cahier qu’il terminera en 1938. C’est donc une œuvre intrinsèquement mélancolique. Mélancolie dans la mesure où le poète se rappelle la misère de son peuple, de cette : « Ville inerte, cette foule à côté de son cri de faim, de misère, de révolte, de haine, cette foule si étrangement bavarde et muette. »

Proche des écrivains surréalistes de l’époque – à la recherche d’un renouveau poétique- Césaire suscitera leur admiration. En effet, le cahier d’un retour au pays natal, est un long poème en prose au vocabulaire riche et recherché à en faire pâlir les plus grands académiciens.

Communiste, proche de Sartre, et indépendantiste, Le cahier de Césaire ne pouvait être qu’un ouvrage révolutionnaire. C’est un véritable cri de révolte à l’encontre des puissances occidentales qui pillent l’Afrique depuis des siècles, à l’encontre de ces africains qui ne pensent qu’à se blanchir la peau et l’esprit. Ceux –là qui disent : « voyez, je sais comme vous faire des courbettes, comme vous présenter mes hommages, en somme, je ne suis pas différent de vous ;  ne faites pas attention à ma peau noire : c’est le soleil qui m’a brûlé. » Le cahier est marqué l’engagement du poète envers la race noire : « ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

L’actualité de ce chef d’œuvre de la littérature africaine repose sur deux faits majeurs. En effet, Le cahier d’un retour au pays natal est une invitation à contribuer  au développement et au rayonnement de l’Afrique. C’est un appel à l’éveil de ceux là qui se croisent les bras « en l’attitude stérile du spectateur » en attendant que les choses se fassent d’elles mêmes, or « il est place pour tous au rendez-vous de la conquête » et de la réussite.

Par ailleurs,  le sceau de la négritude donc est marqué ce texte est un leitmotiv à l’acceptation de soi en tant que noir. Etre noir n’est pas une fatalité, être blanc n’est pas un privilège. Allez donc faire entendre ce message à tous ces africains adeptes de la décalcomanie, à celles qui usent et abusent des produits éclaircissants ; et à toutes celles-là qui comme « EYENGA » se ruent sur internet à la recherche du blanc salvateur.

     « Nègre je suis, nègre je resterai. » Aimé Césaire (1913- 2008)

PROPOSE PAR NELSON

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