Ils s’en vont lentement
Déçus
Sans bonheur.
Ils s’en vont à tout jamais
Flétris, meurtris.
Ils s’en vont dégoutés,
Etrangers dans leur pays,
Victimes de leurs semblables.
Ils s’en vont
Sans paternelle tendresse
Sans layette
Sans bains matinaux
Sans les honneurs du « voir-bébé ».
Ils s’en vont la rage au cœur
Avec une légitime rancœur
Avec en mémoire l’indifférence coupable
Des servants d’hypocrate.
Ils s’en vont, à peine arrivés
Séjour tristement achevé
En ce monde immonde.
Ils s’en vont, avec elle
Mère éventrée, ensanglantée
Sous les yeux hypocrites
Des servants d’hypocrate.
Adieu ! Innocentes vies.
Adieu ! Ô femme ! Ô mère !
Morte en donnant la vie.
Ils s’en vont funestement
Et peut-être là-bas,
Trouveront-ils des hommes.
Oui, ils s’en vont, tous les trois,
Sous nos yeux avides de malheur.
Le peuple est mort !
Vive la République !
Houack Albin Nelson Georges