lundi, octobre 13, 2025
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Les régimes de transition passés au crible, un coup de Maître épistémologique à l’Université de Dschang

Le 21 juillet dernier, dans la salle 5 du campus A de l’Université de Dschang, un sujet brûlant d’actualité a été porté à la lumière académique : « Régimes de transition et Constitution en Afrique Centrale : Étude à partir des cas tchadiens et gabonais ». C’est le thème qu’a brillamment défendu NGUELIFACK Vijilin Cairtou, étudiant en Master 2 de Droit Public, devant un jury composé des Professeurs MOMO FOUMTHIM Claude et BIPELÉ KEMFOUEDIO Jacques, ainsi que du Dr. ANGUE CHRISTIAN Gérard.

Son mémoire, dense de 170 pages, se distingue par son approche épistémologique et son regard neuf sur un phénomène qui gangrène l’Afrique Centrale : la confiscation du pouvoir via la manipulation constitutionnelle. Loin du prisme journalistique, souvent réducteur, qui analyse les coups d’État sous leur seule dimension politique, NGUELIFACK a mis au scalpel de la science le sort des Constitutions sous les régimes de transition au Tchad et au Gabon.

Le chercheur aboutit à deux constats, a priori antinomiques, mais d’une pertinence implacable. D’abord, il observe une dévalorisation de la Constitution, qui est, dès les premiers jours de la transition, abrogée, suspendue et subordonnée à la charte de transition, bousculant ainsi la hiérarchie des normes juridiques. Mais il montre ensuite que la Constitution opère un retour en grâce. À mesure que la fin de la transition approche, la loi fondamentale retrouve sa majesté, se traduisant par la mise en place d’un processus d’écriture consensuelle et son adoption par référendum.

La conclusion de ses travaux est un message d’espoir et une mise en garde. Pour le jeune juriste, le respect absolu des mécanismes constitutionnels de dévolution du pouvoir politique est le seul rempart efficace contre les coups d’État militaires. Une telle posture déconstruirait par anticipation tout discours de légitimation des putschs, en démontrant que la Constitution n’est pas un simple outil de confiscation du pouvoir, mais bien le garant de la stabilité et de la sécurité juridique. Une contribution scientifique majeure pour l’avenir de la région.

Jean Bosco BELL

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