
Le 14 février 2025, la 7e édition du Festival Madiba s’est tenue à Siga Bonjo, dans la vallée du Nkam-Wouri, sous le haut patronage de Son Excellence Paul Biya, Président de la République du Cameroun, et en présence de son représentant personnel, Sa Majesté Narcisse Moellè Kombi. Cet événement a été marqué par une conférence intitulée « Premières découvertes archéologiques dans la vallée du Nkam-Wouri : résultats préliminaires et perspectives des recherches », visant à mettre en lumière le riche passé historique de la région.
Une conférence révélatrice

La conférence a réuni des experts tels que le Pr Cyrille Tollo, accompagné des mebres de son équipe, le Dr Epossi Kroll Zolla, Dr Mazop Noumissing Alice, Dr Sanama Nguille Aristide, Dr Ngouoh François et Dr Ossima Anselme. Elle a permis de contextualiser les recherches archéologiques menées sur le site de Bona’Anja Siga Bonjo, en mettant en exergue l’importance de la vallée du Nkam-Wouri dans l’histoire ancienne et récente du peuplement camerounais.
La conférence a également abordé la question de l’archéologie préventive au Cameroun, en rappelant le cadre législatif régissant le patrimoine culturel, notamment la loi n°2013/003 du 18 avril 2013 et le décret n°2020/0461/PM du 21 septembre 2020 fixant les modalités d’application de certaines dispositions de la loi n°2015/003 du 18 avril 2013. Un constat a été fait concernant le non-respect de la réglementation par certains aménageurs nationaux et bailleurs de fonds internationaux. A cet effet l’exposé additif de l’Entreprise NHTC qui avait pour titre, « Projet Natchigal, Gestion des Ressources Archéologiques et Valorisation du Patrimoine Culturel », a été très édifiant en mettant en exergue le sens de la responsabilité environnementale, sociale et archéologique de cette entreprise citoyenne, un exemple exemplaire. Notons aussi des liens établis entre archéologie et halieutiques, mis en exergue lors du bel échange entre le Pr Cyrille Tollo et le Pr Minette Eyango Tomedi, épse Tabi Abodo, directeur de l’ISH-ENSAHV qui est venue avec une délégation de près de 100 personnes comprises entre étudiants, enseignants et responsables administratifs.
Contexte historique et scientifique

Le site de Bona’Anja Siga Bonjo, fondé vers 1700 par Anja Ebonjo, est le siège administratif de la chefferie de Bona’Anja. La région a connu plusieurs chefs avant le 20e siècle, dont SM Ndoume Mouelle Bossambe (1850–1930) et SM Kombi Djengue N.W Heinrich (1930–1984). Le fleuve Wouri, source de vie pour la localité, a joué un rôle central dans le développement économique et culturel de la région.
Les recherches archéologiques ont permis de dresser une carte archéologique du littoral atlantique camerounais, incluant des sites tels que Dibamba Yassa, Mouanko Lobethal, Mouanko Yatou, Bwambé et Campo. Ces travaux ont mis en lumière les premières découvertes archéologiques dans la vallée du Wouri, révélant des dynamiques sociales et culturelles complexes.
Résultats des fouilles et analyses

Les fouilles menées sur le site de Bona’Anja Siga Bonjo ont permis de découvrir des objets en céramique, en métal, en pierre et en verre, témoignant de l’activité humaine dans la région. L’analyse des styles céramiques a révélé la présence de la tradition Dibamba-Malongo-Bissiang, datant de 300 avant J.-C., ainsi que des traditions Dibamba A et B, s’étendant du 14e au 17e siècle. Ces découvertes confirment l’implantation des clans Douala dès le 15e siècle dans une région déjà occupée par les Bakoko, les Bassa et les Abo.
Des analyses spectroscopiques infrarouges ont permis de déterminer la composition minéralogique des céramiques provenant des sites de Siga Bonjo, offrant des informations sur leur technologie de production. Les résultats ont montré des températures de cuisson variant entre 600 et 800 degrés Celsius, avec l’utilisation d’adjuvants tels que la Kaolinite.
Perspectives de recherche

Les recherches futures se concentreront sur la datation au radiocarbone des objets découverts, l’étude de la diversité des traditions céramiques et l’analyse des dynamiques socio-culturelles à travers les âges. Une attention particulière sera portée à la relation entre les sites de Dibamba, Siga Bonjo et Bona’Anja, afin de comprendre les échanges culturels et commerciaux dans la région.
Cette conférence a permis de mettre en lumière l’importance de la vallée du Nkam-Wouri dans l’histoire du peuplement camerounais, soulignant la richesse et la diversité du patrimoine culturel de la région. Elle a également mis en évidence la nécessité de poursuivre les recherches archéologiques pour mieux c omprendre les dynamiques sociales et culturelles qui ont façonné cette partie du Cameroun.
La 7e édition du Festival Madiba, en mettant l’accent sur ces découvertes archéologiques, a contribué à la valorisation du patrimoine historique de Siga Bonjo et de la vallée du Nkam-Wouri, renforçant ainsi l’attractivité touristique et culturelle de la région. Cet événement a également permis de sensibiliser le public à l’importance de la préservation du patrimoine et à la nécessité de soutenir les recherches archéologiques pour une meilleure compréhension de l’histoire locale.










Jean Bosco BELL