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L’on n’a jamais été aussi proche du dénouement final du conflit russo-ukrainien et bien que le candidat Républicain Donald Trump avait plus d’une fois promis d’y mettre un terme « en une journée », s’il est élu, précisait-il, il aura fallu du temps. Des promesses qui paraissaient d’autant plus irréelles que très peu d’analystes voyaient les américains reconduire le magnat de l’immobilier à la maison blanche. Même l’Europe a misé sur une victoire de sa rivale démocrate Kamala Harris qui, elle, promettait de fournir à l’Ukraine le nécessaire pour poursuivre la guerre jusqu’à la défaite de la Russie.

Après sa victoire, c’est donc un Trump revanchard, qui n’a visiblement pas oublié toutes les insanités déversées sur lui par l’Europe durant la campagne, qui a purement et simplement décidé de les exclure des négociations de paix, encore que la Russie qui évoque le précédent des accords de Minks, où les garants franco-allemands se sont révélés fourbes, ne veut parler qu’avec les américains.

En moins d’un mois après sa prestation de serment, il est passé des promesses aux actes avec l’ouverture ce matin du 18 février à Riyad dans la capitale saoudienne, des négociations de paix sur l’aboutissement de ce conflit qui n’a que trop duré selon lui.

De ce fait, Marco Rubio, Secrétaire d’Etat américain et le Ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov ainsi que leurs délégations respectives s’y sont rencontrés conformément aux engagements pris par les deux présidents dans un récent entretien téléphonique. Entretien au cours duquel la partie américaine avait – par réalisme géopolitique – cédé à quasiment toutes les exigences de la partie russe. C’est dire que Poutine est déjà assuré de la conservation d’une partie du territoire ukrainien qu’il a annexé, tout comme il a reçu la garantie du président américain que l’Ukraine n’entrera pas à l’OTAN. Plus important encore il a catégoriquement refusé de déployer des soldats américains sur le territoire ukrainien pour garantir la paix, appelant une Europe délaissée à assumer cette mission. En outre, il a exigé que Kiev puisse rapidement organiser les élections, longtemps repoussées du fait du conflit. En revanche, Moscou ne voit pas d’un mauvais œil que l’Ukraine adhère à l’Union Européenne, un processus difficile, tellement l’Ukraine est a des années lumières des exigences de l’UE

L’Europe aux abois

Relayé au rang d’acteur périphérique, l’Europe – principal soutien financier actuellement de l’Ukraine dans ce conflit – dénonce son exclusion. Dénonciations auxquelles l’administration américaine, par la voix de son vice-président James David Vance, a répondu en l’accusant de travailler davantage pour la poursuite indéfinie d’une guerre qu’elle savait perdue d’avance, que de la construction de la paix.

Pour taire les divergences en son sein et faire front uni, les européens se sont parallèlement réunis en France le 18 février, où ils ont d’ores et déjà décidé de nouvelles sanctions contre la Russie. Des sanctions qui ont peu de chances d’être appliquées à cause des dissensions internes à l’organisation. En effet, elle essaie de se montrer unie sur le sujet malgré que ses dissensions crient plus fort. Le Premier Ministre hongrois, Vicktor Orban, grand soutien de Trump, n’a jamais caché son hostilité au soutien aveugle accordé à Kiev, il en est de même du Premier Ministre slovaque Robert Pico. Les Britanniques, quant à eux sont traditionnellement plus proches des États-Unis que de l’Union Européenne, à fortiori depuis le Brexit. Il est donc peu probable qu’ils acceptent de compromettre leurs relations avec l’allié traditionnel pour le plaisir de l’Ukraine. La France reste empêtrée dans un contexte politique interne extrêmement fragile et l’Allemagne est préoccupée par l’organisation de ses élections législatives qui auront lieu ce 23 février. Sans le soutien américain, l’OTAN qui est visiblement le dernier levier qu’auraient pu actionner les européens dans leur front est complètement paralysée.

L’Ukraine face à la dure réalité

C’est donc une Ukraine abandonnée à elle seule, face à son triste sort qui devra accepter les décisions sur son avenir prises en son absence. Une pilule d’autant plus amère qu’elle sait désormais qu’elle n’atteindrait aucun de ses objectifs de guerre.

Pour s’assurer qu’elle ne refusera pas, Trump évoque la possibilité de l’organisation des élections présidentielles, une menace à peine voilée au président ukrainien Volodymr Zelinski qui pourrait tout simplement être évincé par le biais des élections. Comme si cela ne suffisait pas l’Ukraine devra enfin convertir en contrat tout le soutien militaire des États-Unis. Même le narratif européen sur l’isolation du président russe Vladimir Poutine va tomber lui qui pourrait désormais assister aux grandes rencontres diplomatiques mondiales en commençant par sa prochaine rencontre avec son homologue américain à Riyad.

Pour Trump, il s’agit de clôturer ce conflit pour se consacrer entièrement à son grand rival chinois et éventuellement faire la guerre à l’Iran via son allié Israélien, ennemi juré de Téhéran.

En somme, c’est une Ukraine amputée d’une partie de son territoire, sans garantie de sécurité viable et saignée à blanc économiquement et humainement qui sortirait de cette guerre. Il n’est pas exagéré de dire qu’elle est dans une situation délétère d’échec et mat.

Nguelifack Vijilin Cairtou

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