Qu’est-ce qui a empêché le football africain de franchir le cap des quarts de finale en Coupe du monde pendant si longtemps ? Le Dr Claude Kana, historien du football, a tenté de répondre à cette question dans une récente analyse. Selon lui, les équipes africaines sont systématiquement victimes d’erreurs d’arbitrage flagrantes et de décisions controversées lors des grandes compétitions internationales.
« Les injustices arbitrales sont récurrentes. En 1982, un but de Roger Milla contre le Pérou, qui aurait permis au Cameroun de passer le premier tour, a été injustement annulé. En 1998, contre le Chili, deux buts valables ont été refusés et deux Camerounais expulsés. Même en 2018, malgré l’introduction de la VAR, les équipes africaines ont continué à subir des décisions injustes », explique le Dr Kana dans les colonnes d’Actu Cameroun de décembre 2023.
Claude Le Roy partage cette colère et décrit 1998 comme un « délit de sale gueule ». Il se souvient avec amertume de l’expulsion de Rigobert Song et des deux buts refusés à François Omam-Biyik face au Chili, scellant le destin du Cameroun. Pour lui, l’arbitrage partial a éliminé les Lions Indomptables ce jour-là.
L’Afrique, qui détient pourtant le plus grand nombre de membres au sein de la FIFA parmi les continents, reste marginalisée. Les performances marquantes de la Tunisie, du Maroc, du Cameroun, du Sénégal et du Ghana n’ont pas suffi à la FIFA pour accorder plus de places au continent lors des précédentes Coupes du monde. La prochaine édition semble prendre en compte ce problème, mais la proportion reste toujours déséquilibrée entre l’Afrique et l’Europe ou l’Amérique latine.
L’ex-entraîneur des Éléphants, Patrice Beaumelle, dénonce cette situation : « Cinq places pour 54 nations, c’est honteux. On prive l’Afrique de son potentiel et de ses champions », déclare-t-il.
Face à ces injustices, l’Afrique doit-elle envisager une révolte contre la FIFA ou se concentrer sur ses propres compétitions continentales ? Une réflexion s’impose, alors que les ambitions africaines restent bloquées par des décisions discutables qui semblent sceller le sort de ses équipes avant même le coup d’envoi. Que Samuel Eto’o s’offusque des fautes d’arbitrage qui ont handicapé le Cameroun à la Coupe du monde féminine en Colombie et le voilà lourdement sanctionné. Mais qui va donc sanctionner la FIFA pour ces impairs répétés et honteux ? That is the question.
Jean Bosco BELL