
C’est à l’ENAM que le Dr Eric Samuel KOUA a donné cette conférence dont camervibesmagazine.com se charge de mettre la quintessence en ligne. Cette Conférence qui s’est tenue le 06 09 19 à l’ENAM, inaugure ainsi notre campagne de promotion des conférences-débats, y compris celles qui se sont déroulées il y’a longtems et qui méritent toute notre attention.
A titre de considérations liminaires, le conférencier a renseigné l’auditoire sur le contexte de la conference (les regionales qui pointent a l’horizon au Cameroun). Par la suite, il a justifié le choix par la Constitution de la formule « population autochtone » et non celle de « peuple autochtone ». Subsidiairement, il a été mis en relief la controverse relative a l’l’opportunité de l’attribution constitutionnelle de la présidence régionale à un autochtone de la région. Subsidiairement, il a précisé l’objectif de la conférence : la determination des critères que pourrait convoquer le juge électotaral aux fins de résolutions des différends qu’engendrerait le rejet des candidatures à la présidence du conseil régional, au motif que ceux qui les ont introduites ne sont pas autochtones de la région concernée.
La question conductrice de la communication du conférencier a été la suivante: lorsque l’article 57 (3) de la Constitution dispose que le président du conseil régional est « une personnalité autochtone de la région », que devrait – on entendre par autochtone en l’espèce?
D’entrée de jeu, le conférencier a soutenu que dans ledit article, le mot « autochtone »ne relève pas de la conception onusienne de cette notion, car si tel était le cas, les ressortissants bororo et pygmées, seuls communautés autochtones au Cameroun, selon les Nations Unies, seraient présidents des 10 conseils régionaux de cet Etat. Ce qui est illogique, considerant que ces deux groupes ethnoculturels ne sont pas présents dans toutes les régions du Triangle National et de ce qu’une telle configuration des conseils régionaux est incompatibles avec l’idée du vivre ensemble national.
Fort de cette consideration, le conferencier a conclu que le Cameroun a une appréhension sui generis de la notion d’autochtone, compte tenu de la diversité de sa population.
Il s’est accorde avec l’auditoire sur le fait que, hormis probablement les pygmées (premiers habitants de la terre d’après les historiens, les autres groupes ethnoculturels présents au Cameroun sont issus de l’immigration, venus pour la plupart du Haut Nil). Eu egard a cette consideration historique, pour le conférencier, à l’effet de concilier cette diversité avec la protection des populations autochtones de la region, le Cameroun a institué une autochtonie regionale conventionnelle.
En consequence, quatre critères, dont certains sonts cumulatifs, permettant d’identifier l’autochtone de la région alléguée, ont été dégagés par le conférencier :
– Le critère biologique (on est autochtone de la région de son père ou de sa mère (hypothèse de l’enfant naturel));
– Le critère subjectif (conscience d’appartenance a la région alléguée);
– Le critère historique (implantation de ses ancêtres dans cette dernière au plus tard le 12 juillet 1884);
– Et le critère culturel.
Les échanges ayant suivi l’exposé du conférencier ont permis de différencier la notion d’autochtone de celle de minorité, non sans préciser les hypothèses de convergence entre les deux, de constater la non-reconnaissance constitutionnelle des minorités linguistiques, et l’existence au Cameroun des communautés ethnoculturelles dont les fragments seraient autochtone de plus d’une région: Sawa, Ewondo, Bassa, Pygmée, etc.
La conférence s’est achevée a 16 heures.
Le Coférencier est auteur, juriste de formation.
La Rédaction, avec la collaboration d’Eric Samuel KOUA