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Nous acclamons au quotidien les progrès scientifiques et techniques ainsi que les révolutions qu’ils apportent dans nos vies. Nous les regardons comme un apport ingénieux  dans la transformation qualitative de nos conditions de vie.

A grand renfort de publicité, les inventions technoscientifiques sont présentées comme l’expression de la plasticité de l’esprit humain à poursuivre l’oeuvre de la création entamée et arrêtée par l’auteur des causes premières.

Seulement, lorsqu’on scrute et observe ces inventions avec détachement, c’est-à-dire sans influence de l’admiration contemplative, on peut se rendre compte que certaines inventions plutôt que de participer à résoudre une difficulté, comme cela semble souvent être le cas, celles-ci en créent plutôt. La situation actuelle de l’art musicale nous en fournit une meilleure illustration.

Hier, les productions musicales étaient enregistrées dans des supports tels que les disques vinil de 33 ou de 45 tours. Ces disque étaient enveloppées dans des pochettes sur lesquelles s’imposait la grande photo portrait de l’auteur – compisiteur,  les différents titres composés et des références sur la maison de production de l’artiste. Après les vinils, on est passé aux cassettes qui présentaient le même décor que les disques. Puis,  est venue l’ère du CD ou Compact disc. Ces différents supports musicaux permettaient aux artistes et aux sociétés de commercialisation des oeuvres musicales de vendre de façon détaillée et chiffrée ces oeuvres de l’esprit. On parlait alors dans les pays comme les Etats Unis de 75 millions de disques vendus pour Michaël Jackson ou pour MC Hammer. Et même au Cameroun, on parlait d’au moins un million de disques vendus pour Petit Pays, Kotto Bass ou Nkodo Sitony.

Les mélomanes pouvaient eux aussi acheter, conserver ou collectionner ces oeuvres à travers ces différents supports. C’était toujours émouvant de voir la pochette d’un artiste qu’on a pas connu physiquement, mais dont on ne prend connaissance qu’à travers des œuvres.

Aujourd’hui, les progrès de la science et de la technique nous ont installé sur la musique sans support qu’on ne peut télécharger que sur des sites spécialisés à partir desquels on peut les télécharger contre versement d’un montant électronique requis. Ces musiques une fois téléchargées sont stockées dans des clés numériques. Conséquence, les appareils de musique actuels ne sont plus adaptés pour l’utilisation des anciens supports que sont les disques et les cassettes. Et depuis, ce sont les artistes qui paient le lourd tribut. Puisque ce nouveau système de vente des oeuvres de l’esprit appelle une nouvelle réorganisation des formes de distribution et de rémunération des créateurs des oeuvres de l’esprit.

Ils sont nombreux surtout en Afrique et au Cameroun en particulier, ces artistes qui regrettent l’ère des disques et des cassettes. Avec un mécanisme de vente traçable et vérifiable. A l’époque au Cameroun, les différentes sociétés des droits d’auteurs, pour limiter la contrefaçon, apposaient des cachets sur les pochettes des cassettes et des CD, aujourd’hui, les artistes ne peuvent plus espérer  grand chose sur le continent de la vente de leurs oeuvres. Plutôt que de résoudre un problème, l’obstination de la science à marquer un progrès dans le domaine, a plutôt sérieusement handicapé une profession qui comptait à plus de 50 pour cent de la vente des oeuvres de l’esprit. Il est important que l’évolution de la techno-science comble ce vide abyssal. Vive la toute puissance de la science. 

Eyangoh Ekolle

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