0 10 minutes 2 mois

Le 6 mars 2025 a marqué une célébration particulière de la Journée Internationale des Droits de la Femme à Yabassi. L’École Nationale Supérieure d’Agronomie d’Halieutique et de Médecine Vétérinaire (ENSAHV), dirigée par le Pr Minette Tomédi Eyango épse Tabi Abodo, a organisé plusieurs activités, dont une remise de dons aux détenus de la prison locale et une conférence exceptionnelle à l’Institut des Sciences Halieutiques (ISH- ENSAHV). Cette initiative, soutenue par le Recteur de l’Université de Douala, le Pr Magloire Ondoua, témoigne de l’engagement de l’ISH/ENSAHV en faveur de la cause féminine et des droits des plus démunis.

Un geste de solidarité envers les détenus de Yabassi

La journée a débuté par une visite à la prison de Yabassi où Madame le Directeur, accompagnée d’une délégation de l’ISH-ENSAHV, a remis des dons aux détenus. « Selon Hippocrate, l’aliment est le premier médicament », a-t-elle rappelé dans son propos de circonstance, soulignant ainsi l’importance des dons alimentaires, accompagnés de médicaments, d’équipements sportifs, de tenues vestimentaires, et bien d’autres produits essentiels. Ce geste a procuré un moment de joie et d’espoir aux détenus, qui ont exprimé leur gratitude envers cette initiative bienveillante.

Le Directeur de la prison a salué cette action caritative, tout en remerciant le Recteur de l’Université de Douala pour avoir autorisé et encouragé cette activité. Il a également souhaité que « le Seigneur retourne ces dons au centuple à leurs généreux donateurs ». Ce moment a marqué une rencontre émouvante entre une jeunesse affligée mais pleine d’espoir et la délégation empathique de l’ISH-ENSAHV, venue offrir son soutien et ses encouragements.

Une méga conférence pour sensibiliser et éduquer

Dans l’après-midi, une méga conférence a été organisée dans l’enceinte de l’ISH/ENSAHV. Cet événement, qui a réuni 12 conférencières, a permis d’aborder des thèmes cruciaux liés aux droits des femmes et des filles. Le premier thème, défendu par trois jeunes étudiantes et intitulé « Historique de la Journée Internationale de la Femme », a retracé l’histoire de cette journée marquée par le combat pour les droits salariaux et le droit de vote des femmes.

Le second thème, « Autonomisation de la femme et de la jeune fille » a été décliné en trois sous-thèmes. Le premier, présenté par le Dr Arlette Deutchoua Djitieu épse Nana, a permis de rappeler que « tous les hommes naissent égaux en droits », insistant sur l’importance de l’éducation, de la santé, du travail et de la dignité pour les femmes et les filles. Elle a également mis en avant la nécessité de garantir une égalité des chances entre hommes et femmes.

Le second sous-thème, abordé par le Dr Ngoutane, portait sur « l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle ». Il a été souligné que, malgré les progrès, quand 15 millions de jeunes filles en Afrique sont encore privées d’éducation on en trouve 1à million da garçons dans cette situation, et que le mariage précoce reste un frein majeur à leur émancipation dans le monde. Le Cameroun, où 65 % des filles savent lire et écrire contre 89 % des garçons, doit encore relever des défis pour améliorer l’accès des femmes à une éducation de qualité.

Le troisième sous-thème, présenté par le Dr Kipoh, a traité de « la précarité des femmes dans le travail informel ». Les femmes représentent 75 % de la main-d’œuvre dans ce secteur, souvent caractérisé par des emplois précaires, faiblement rémunérés et dépourvus de protection sociale. La nécessité de formaliser ces activités pour sortir les femmes de la précarité a été vivement discutée.

Les droits des femmes face aux coutumes et violences de genre

Un autre sujet abordé lors de la conférence concernait les droits des femmes face aux coutumes camerounaises. Le Dr Arlette Djuissi qui a abordé le sous thème 1 intitulé « Traditions et coutumes face aux droits des femmes camerounaises », a rappelé que « la vie, la santé, l’éducation » sont des droits fondamentaux pour toutes, soulignant que les coutumes ne doivent plus empêcher les filles d’accéder à l’éducation, comme cela a été le cas par le passé.

« Le rôle des médias dans la promotion des droits des femmes » a également été discuté par le Dr Madeleine Ngo Mback épse Ngeh. Elle a insisté sur l’importance des médias pour sensibiliser la société et relayer des histoires positives inspirant confiance et engagement. Les médias jouent un rôle clé dans la formation d’un plaidoyer en faveur des droits des femmes.

Enfin, la conférence a abordé le thème des « violences basées sur le genre au Cameroun », présenté par le Pr Minette Tomédi, Eyango épse Tabi Abodo elle-même. Les chiffres alarmants révèlent que le Cameroun a enregistré 76 cas de violences faites aux femmes ayant conduit à des décès en 2024, avec déjà 11 cas recensés en 2025. Les violences, qu’elles soient physiques, économiques ou psychologiques, représentent un obstacle majeur à l’épanouissement des femmes. Le Pr Tomédi a insisté sur la nécessité de renforcer les efforts pour lutter contre ces violences et protéger les femmes.

Égalité des sexes : des outils pour l’implication politique des femmes camerounaises

Le thème 4 de la conférence intitulé « Politique, loi et institution en faveur de l’égalité des sexes », a permis déjà via le sous-thème 1 « Participation des femmes camerounaises à la vie politique et à la gouvernance »,  défendu par Madame Messe a été l’occasion de mettre en lumière la participation des femmes à la vie politique et à la gouvernance au Cameroun. Elle a notamment abordé la participation active des femmes dans les instances décisionnelles. Les femmes camerounaises, bien qu’électrices et membres des conseils municipaux et régionaux, doivent encore s’inscrire davantage dans le processus de gouvernance. Car l’autonomisation est réalisable à tous les niveaux de la société et conduit à l’épanouissement de tous. Toutefois, plusieurs obstacles freinent cette dynamique, comme les facteurs biologiques (grossesse), sociaux, religieux, et économiques. Ces réalités soulèvent l’urgence d’adopter des mesures qui facilitent l’accès des femmes aux fonctions publiques et aux postes de décision, à l’instar des avancées observées aux États-Unis ou en France relative à la discrimination positive.

En outre, le sous thème 2 intitulé « le rôle des femmes dans la consolidation de la paix » défendu par le Dr Essomba susurre que les femmes jouent un rôle prépondérant dans la prévention des conflits, la reconstruction et la réconciliation. Grâce à leur présence dans les Parlements, les administrations locales et les prises de décision communautaires, elles sont de véritables moteurs du changement local, avec une contribution holistique à la paix et au développement.

Un appel à l’action pour l’avenir

La Journée Internationale des Droits de la Femme 2025 à Yabassi, sous l’impulsion de l’ISH/ENSAHV, a été une occasion de rappeler l’importance de l’autonomisation des femmes à travers l’éducation, l’accès aux ressources et la lutte contre les violences de genre. Ces défis dépassent le cadre de la lutte féministe pour toucher l’ensemble de la société.

Cette journée, marquée par des gestes concrets de solidarité et des discussions enrichissantes, a permis de sensibiliser la communauté locale à l’importance de l’égalité des chances pour les femmes et les hommes. Le Pr Minette Tomédi Eyango, épse Tabi Abodo, en ouvrant officiellement la cérémonie, a rappelé que « le  but de ces actions est de sensibiliser la société sur les sévices qui sont causés aux femmes et qui en la privant de ses droits, en altère l’égalité et l’autonomisation», un message fort qui incarne l’esprit de partage et de justice sociale porté par l’ISH-ENSAHV.

L’événement s’est conclu sur une note d’espoir, avec un appel à poursuivre les efforts pour l’autonomisation des femmes, non seulement à Yabassi, mais aussi à travers tout le Cameroun et au-delà. La conférence s’est poursuivie avec des activités sportives, dont un match de football féminin entre les équipes de première et quatrième année de l’ISH, clôturant ainsi une journée marquée par la célébration des talents et de l’engagement des femmes. Le lendemain, une marche sportive a réuni femmes et hommes, poursuivant l’élan festif et militant.

Jean Bosco BELL

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *