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L’assassinat, aux premières heures de la matinée de ce mercredi 31 juillet 2024, du chef du mouvement de défense de la cause palestinienne Hamas, Ismaël Haniyeh, par une frappe aérienne sur sa résidence dans la capitale iranienne à Téhéran, va inéluctablement envenimer le conflit dans la région. D’une situation déjà très tendue dans la région depuis l’attaque meurtrière menée par un commando du Hamas sur le territoire de l’Etat hébreu le 07 octobre dernier, cet assassinat va  irrémédiablement complexifier la situation pour au moins deux raisons.

La réaction de l’Iran attendue

Touché à Téhéran où il s’était rendu pour assister à la cérémonie de prestation de serment du tout nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, ce raid aérien qui est constitutif d’une violation flagrante de la souveraineté de l’Iran ne resterait pas sans conséquence, surtout quand on sait le climat de tension ambiant entre ces deux États rivaux dans la région. On se souvient de l’escalade de tension d’il y a quelques mois lorsque l’Etat d’Israël avait bombardé le consulat de l’Iran à Damas. La réaction de l’Iran ne s’était pas faite attendre à cause que cet acte rendait possible l’éventualité d’une confrontation directe entre les deux États ennemis et il s’en était fallu de peu pour qu’on tomba dans un embrasement régional. Seule une mobilisation tout azimut de la communauté internationale, appelant continuellement à la retenue avait pu contenir les velléités belliqueuses des uns et des autres.

C’est dire qu’une frappe directe sur son territoire ne resterait à fortiori pas sans réaction comme l’a confirmé un communiqué des gardiens de la révolution. Si la gestion de la politique étrangère et régionale de Téhéran relève davantage du Guide suprême, l’Ayatolah Ali Khamenei et son état-major constitué des éminents membres des gardiens de la révolution qui ont promis « un châtiment sévère à Israël », il faut dire que la réaction du très modéré président nouvellement installé Massoud Pezeshkian, qui a « juré de punir Israël » reste attendue. Une réaction iranienne qui va à coup sûr impliquer ses proxys du Hezbollah libanais et des rebelles Houthits qui ont promis « le pire » et le « chaos » à Tel Aviv.

La réorganisation du Hamas

Pour le mouvement palestinien, la perte de son leader intervient à la suite d’une longue série d’assassinats ciblés pratiqué par le Mossad contre les leaders du Hamas. En octobre 2023, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahou affirmait avoir donné des instructions fermes à l’agence du Mossad, ses Services Secrets, afin qu’ils localisent et « éliminent » les leaders du Hamas partout où qu’ils se trouvent. La mort d’Ismaël Haniyeh intervient donc dans ce climat qui a déjà vu le mouvement palestinien amputé de plusieurs de ses têtes pensantes. Ce qui laisse croire que le mouvement va se réorganiser, se choisir de nouveaux leaders et poursuivre sa lutte soit dans le sens d’une intensification ou d’une atténuation en fonction des nouveaux profils qui vont émerger. Ismaël Haniyeh s’était fait connaître en 2006 en devenant Premier Ministre de la Palestine après que son parti ait remporté les législatives face au rival du Fatah.

Des condamnations à n’en plus finir

Les réactions internationales se succèdent, reprenant la même rhétorique, celle de la condamnation de l’assassinat, notamment dans le camp arabe. Ankara qui est un grand soutien du Hamas a ainsi dénoncé un « acte ignoble », perpétré dans le dessein « d’étendre le conflit Israël-Gaza à une dimension sous-régionale ». Mahmoud Abbas, le président de l’autorité palestinienne pour sa part, a dénoncé « un acte lâche », alors que le Hamas « promet de se venger ». Israël, qui n’a officiellement pas commenté, ces événements s’est contenté d’appeler ses citoyens à rester vigilants et à observer les instructions de Tsahal.

Le Qatar qui abrite les négociateurs des deux camps a condamné « une escapade dangereuse » à même de compromettre « la chance des négociations », autre allié de la Palestine, la Jordanie, l’Égypte et l’Arabie Saoudite s’inscrivent dans la même logique de  condamnation et de désapprobation. La Russie, par la voix de son Vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, condamne « un assassinat politique inacceptable qui va aboutir à une escalade des tensions ultérieures », alors que la Chine dénonce également sans détour cet assassinat. Du côté des soutiens d’Israël, notamment occidentaux, les réactions sont plus mitigées, plus tempérés et plus nuancées. De Paris à Washington, en passant par Londres ou Rome, on met en avant le droit d’Israël « à se défendre » tout en appelant à la « désescalade ».

Nguelifack Vijilin Cairtou

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