Depuis la catastrophe qui a frappé la falaise de Dschang, bloquant la route entre Melong et Dschang, les élites politiques, économiques et traditionnelles des régions environnantes se disputent sur la meilleure solution de contournement. Ces discussions interviennent alors que l’option de déblayer la terre pour rétablir la circulation semble écartée, du moins à court terme. Le sol n’étant pas stabilisé, le risque d’un nouvel éboulement demeure élevé, selon les experts. Lors de sa visite sur les lieux, le Ministre des Travaux Publics a confirmé qu’une solution d’urgence devait être trouvée pour assurer la liaison entre les régions du Littoral et de l’Ouest.
Alors que les équipes de secours s’efforcent encore de retrouver les victimes sous les décombres, les élites de la Menoua se concentrent déjà sur l’après-catastrophe. Au-delà de l’émotion et du choc, chacun tente d’imposer son projet de voie de contournement pour, à la fois, rétablir la circulation et favoriser le développement de son territoire.
Trois propositions pour un même enjeu
La première option est défendue par les élites de Foreké-Dschang. Leur solution consiste à dynamiter le flanc de la montagne encore instable pour que les terres s’écoulent dans la vallée en contrebas, créant ainsi un remblai naturel qui pourrait ensuite être recouvert de bitume. Selon eux, cette option, moins coûteuse et plus rapide à mettre en œuvre, permettrait aussi de préserver l’économie locale qui s’est développée le long de cet axe. Un argument qui trouve écho auprès de nombreux habitants et commerçants dépendant de cette route.
La deuxième proposition émane des élites de Fokoué, conduites par Mme Demanou Tapamo, maire de la commune. Elles proposent un tracé alternatif plus long, passant par Santchou, Bangui-Fotsa-Toula et Fokoué avant de rejoindre Dschang, sur une distance d’environ 30 kilomètres. Cependant, cette route serpente à travers un relief escarpé, avec des pentes abruptes et des virages serrés, rendant le projet risqué et difficilement praticable d’un point de vue technique. Malgré ces inconvénients, ce tracé bénéficie du soutien de certaines figures influentes du sérail, prêtes à tout pour obtenir gain de cause.
Enfin, les élites des groupements F4 (Fongo-Tongo, Fossong-Wemtcheng, Fongo-Ndeng et Fotetsa) plaident pour la réhabilitation de l’ancien tracé allemand. Selon eux, cette voie présente plusieurs avantages majeurs. Premièrement, elle existe déjà et serait donc rapidement praticable sans nécessiter la création d’une nouvelle infrastructure. Deuxièmement, sa topographie est relativement stable, minimisant les risques d’éboulements futurs. De plus, cette route, longue d’environ 20 kilomètres, desservirait une large zone agricole, favorisant ainsi le développement économique de la Menoua.
Un choix délicat pour les autorités
Dans ce contexte de rivalités locales, la décision finale revient aux autorités administratives, qui devront trancher entre les différentes propositions. Chaque option présente des avantages, mais aussi des inconvénients. La question est de savoir si la priorité sera donnée à la rapidité d’exécution, à la sécurité ou au développement économique.
Quoi qu’il en soit, cette situation met en lumière la complexité de la prise de décision dans une telle situation de crise. Si certains peuvent voir dans cette compétition une opportunité pour faire progresser leur communauté, il est essentiel de rappeler que la priorité doit rester la sécurité des usagers et la prévention de nouvelles catastrophes.
Dans l’attente de cette décision cruciale, nos pensées vont aux familles éprouvées par cette tragédie.
Nguelifack Vijilin Cairtou